Après la liquidation judiciaire, prononcée le 4 novembre 2009, des entreprises GTC (tirage de films) et Centrimage (vidéo), c’est la mémoire même de la filière qui s’en va. Héritières des laboratoires Pathé, installés quai Gabriel Péri à Joinville-le-Pont, les sociétés conservaient des pellicules anciennes ou en cours de traitement.
Un communiqué de presse daté du 5 novembre 2009 du liquidateur, M° Pellegrini (Saint Maur des Fossés) a annoncé le transfert des archives film GTC et Centrimage. Assurant qu’il « a la responsabilité d’assurer la pérennité des films ou éléments de film actuellement en dépôt chez GTC et Centrimage », il demande aux ayants droits d’indiquer à la société Eclair Laboratoires le laboratoire vers lequel ils souhaitent le transfert des films ou éléments de films.
A défaut d’instruction de leur part d’ici le 5 décembre, le mandataire de justice transférera les éléments à Augy stock (filiale de stockage d’Eclair Laboratoires), à Augy (Yonne).
En septembre 2009, une délégation de dix chefs d’entreprises de la FICAM (Fédération des industries techniques du cinéma, de l'audiovisuel et du multimédia) avait transmis au directeur du Centre national du cinéma (CNC) un état des lieux de la filière technique qui mettait en évidence la situation alarmante des entreprises de la filière. La FICAM indiquait que le « chiffre d’affaires des entreprises a chuté de 10% à 30%, et [les] résultats se sont dégradés de 30 à 80%. »
Elle remarquait que, à la date du 28 septembre, « les entreprises ont déjà dû procéder à 164 licenciements. Près de 500 autres suppressions d’emplois sont envisagées à très court terme. Voici 6 mois, la FICAM prédisait déjà un risque de 1500 licenciements. » Les dirigeants lançaient l’appel à une aide publique d’urgence pour les 150 entreprises de la production française cinéma/télévision, qu’elle chiffrait à 100 millions d’euros.
Dans une lettre adressée, à Frédéric Mitterrand, ministre de la culture et de la communication, le 30 octobre 2009, vingt quatre organisations professionnelles se sont unies pour saisir les pouvoirs publics sur la gravité de la situation que traversent les industries techniques du cinéma et de l’audiovisuel.
Ils s’inquiètent de « voir disparaître un savoir-faire et une filière sans laquelle l’indépendance et la diversité de la production nationale serait irrémédiablement remise en cause. »
L’industrie remarque qu’elle est confrontée simultanément « à une baisse de 47% du nombre de journées de tournage audiovisuel due à l’érosion de leur financement, à un effondrement de 37% du financement des longs métrages, à la décroissance du tirage des copies de films en photochimique et enfin à l’accélération spectaculaire des mutations technologiques. »
Pour les dirigeants de tous les secteurs professionnels du cinéma, « la filière technique nationale doit trouver d’urgence le soutien des pouvoirs publics pour financer la restructuration qu’oblige cette conjonction exceptionnelle d’évènements. »
Aucune réponse du gouvernement n’est pour l’instant venue. La fermeture de GTC et Centrimage est venue confirmer ces sombres prédictions.
Quant à l’avenir du site de Joinville, aucune indication n’est pour l’instant fournie par la mairie.
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Perrin 02/12/2020 12:13
Marjo 14/11/2009 10:14