Grâce au Forum politique nogentais, Nogent sur Marne aura été le seul lieu accueillant un large débat entre des candidats de tous bords aux élections régionales du 13 mars 2010 – du Front de gauche au Front national. La salle Charles de Gaulle de la sous-préfecture du Val de Marne était pleine, avec sans doute plus de militants (et de candidats) que de simples curieux parmi les quelques 400 présents.
Mais, signe d’une maturité démocratique, les supporteurs des uns et des autres n’étaient pas là pour faire la claque, plutôt pour écouter et parfois apprécier les arguments des autres candidats, soupeser aussi ce que leur tête de liste pouvait avoir dans le ventre.
Policé et bien organisé, le débat a obligé les candidats à répondre, dans un temps extrêmement compté, sur toutes les thématiques : transports d’abord, mais aussi le logement, l’emplois, le développement économique, la culture et beaucoup le Grand Paris…
Un dissident de droite, Nicolas Dupont-Aignan, député-maire d’Yerres, premier de la liste gaulliste Debout la République, s’est taillé un certain succès. Dénonçant l’enfer quotidien vécu par les citoyens de seconde couronne, il a mis en garde contre la volonté de certaines formations de « tuer le premier tour ». Pour lui, le mode de scrutin à un tour souhaité par l’Ump pour les futur conseillers territoriaux pourrait « dégoûter les français de la politique. »
Pierre Laurent, coordonnateur national du PCF (Front de gauche) a appelé à une « franche rupture ». Critiquant la réforme fiscale qui prive les collectivités territoriales de leurs moyens, il a montré qu’elles sont placées devant une alternative : augmenter les impôts ou écraser l’investissement. L’ancien directeur de la rédaction de L'Humanité a insisté sur le transfert de recettes fiscales que provoque la suppression de la taxe professionnelle : les villes industrielles (et de gauche) perdent beaucoup, tandis que les communes résidentielles et de bureaux, souvent de droite, gagnent énormément.
Pour Cécile Duflot, Europe écologie, adjointe au maire de Villeneuve Saint Georges (ville où elle est née), le déséquilibre fiscal est fort dangereux. De manière énigmatique, la secrétaire nationale des Verts a également appelé à une « biodiversité culturelle. »
Autre indigène revendiqué du Val de Marne, Alain Dolium (MoDem) vient quant à lui de Charenton et s’affirme d’abord chef d’entreprise. La transformation du statut des collectivités locales lui déplaît également. Il voit une « bombe sociale » tandis que l’État écarte les élus du processus de décision sur l’aménagement de leur territoire.
Le maire de Vincennes, Laurent Lafon, (UMP-Nouveau Centre), a estimé que, le problème des transports, « c’est la faute des dirigeants de la région », défendant le plan pour le Grand Paris présenté par Nicolas Sarkozy.
Quelque peu décalé par rapport à tous les autres, mais même pas hué par la salle, Dominique Joly, conseiller régional Front national, a été le seul à mettre en avant son parti, qu’il présente comme « l’avocat du peuple ». Le conseiller municipal de Villeneuve Saint Georges s’en est pris à « l’autophobie » dont seraient coupables les élus de droite comme de gauche. Il a considéré que le grand huit (métro automatique prévu par le secrétaire d’État à la région capitale, Christian Blanc) était « un train fantôme » couplé à un « hold-up foncier. »
Enfin, Michèle Sabban, vice-présidente du Conseil régional s’est d’abord présentée comme peintre et présidente de l’Assemblée des régions d’Europe, une institution qui « parle 28 langues ». Elle a critiqué l’approche technocratique de la construction de la métropole parisienne, considérant qu’on « ne construit pas l’Île de France depuis l’Elysée ». L’ancienne première secrétaire du parti socialiste dans le Val de Marne a appelé à un rassemblement de toute la gauche dès le 14 mars.
Commenter cet article
électeurus Joinvillus 11/03/2010 18:43
Yann Dubois 11/03/2010 01:15