La fermeture de l’usine GTC quai Gabriel Péri à Joinville-le-Pont en novembre 2009 n’aura donc pas marqué la fin de l’activité cinématographique sur ce site. Si l’entreprise, héritière de Pathé, a cessé toute activité, un projet de reprise vient de voir le jour.
Bernard Chaussegros, économiste et vice-président de la Société Française de Production (SFP, groupe Bolloré) a présenté un projet qui part de son analyse du marché de la pellicule en France.
Pour Bernard Chaussegros, qui est également engagé dans le pôle de compétitivité Cap Digital, « le développement du numérique condamne irrémédiablement à terme le marché de la pellicule dans sa forme actuelle. Cependant, ce dernier peut encore représenter une activité attractive pour un nombre très restreint d’acteurs » au nombre desquels figure le site de Joinville.
Le parc de salles de cinéma en Europe passe au numérique à raison de 8 à 12 % par an. On a cependant constaté une stagnation en 2009, du fait probablement de la crise économique, mais on peut estimer (selon M. Chaussegros) que le flux de migration des salles vers le numérique passe rapidement à 20 % l’an.
Bien que fortement concurrencé par le numérique, la pellicule négative devrait se maintenir encore quelques années pour des raisons notamment de pérennité du support. Il garderait même un certain attrait, l’économiste estimant que « le déclin du marché devrait être moins fort que prévu. »
Un des grands arguments de l’évolution, la diffusion de films en 3D, est devenu moins important, Technicolor commercialisant depuis septembre 2009 une solution 3D pour les films argentiques en 33 mm.
Un autre argument plaide en faveur d’un maintien des films physiques : en cas de panne, les projeteurs ne peuvent plus procéder seuls comme aujourd’hui (on coupe un peu de bande et on repart), et risquent de devoir annuler la projection… en provoquant le mécontentement des clients.
Enfin, B. Chaussegros considère que « l’argentique est un support bien plus pérenne que le numérique » et note qu’on envisage de transférer des données numériques sur support argentique pour assurer leur conservation.
Tout ceci lui permet de conclure qu’un marché conséquent serait ainsi maintenu, correspondant à la copie argentique de chaque film produit sous format numérique.
Le dirigeant de la SFP assure donc que l’« industrie photochimique française n’est pas vouée à une mort proche, à la condition impérative d’opérer une rapide et profonde réforme. »
Il propose la création d’un seul et unique groupe dont les conditions sont à déterminer sachant que le groupe Eclair est en plan de sauvegarde de l’emploi. Il veut regrouper sur un seul site (Saint-Cloud ou Épinay) la totalité des tirages de série pour la France. Il propose d’installer à Paris intra muros ou en très proche banlieue, un centre de post production numérique, avec des salles d’étalonnage, auditoriums, et laboratoires pour les effets spéciaux.
Enfin, B. Chaussegros veut faire sur le site de Joinville-le-Pont « un centre de post production mixte assurant les travaux de développement, de transfert, de finition, de restauration, remise en état et de numérisation pour le cinéma, la télévision et l’audiovisuel. Ce doit être un atelier et non pas une usine. Cet atelier doit être composé d’une équipe de 30 à 40 personnes. C’est un personnel qualifié, passionné et polyvalent. »
L’économiste suggère que « toutes ces entités doivent porter le même nom de marque auquel on rajoute, série, numérique. Chaque entité, bien que faisant partie d’un même groupe doit être dirigée de manière autonome, en privilégiant bien sûr l’esprit groupe pour maintenir l’esprit artisanal, règle d’or de ces métiers. »
La mise en œuvre du plan présenté ici est déjà en œuvre, et le redémarrage de l’activité est imminent.
- Voir la note de présentation de Bernard Chaussegros : http://chaussegros.typepad.fr/audiovisuel/
Bernard Chaussegros
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Bonne nouvelle 13/03/2010 18:23